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Un étranger chez Ludonaute – Partie 2

Quand on est auteur de jeu, on a souvent de grands principes. Je me souviens très bien avoir dit ainsi un jour à Cédric lors du développement de la première extension :

“Faire un nouveau personnage, c’est vraiment trop facile, il faut juste trouver une nouvelle capacité. Si on ne veut pas faire juste une extension “commerciale”, il faut trouver de nouvelles mécaniques, raconter une nouvelle histoire”.

Seulement parfois la dure réalité est le meilleur moyen de faire changer d’avis un auteur têtu. Selon une statistique non officielle et purement basée sur mon expérience personnelle, voici ce que 82 % des joueurs me demandent quand je leur apprends l’existence d’une nouvelle extension pour Colt Express :

“Hmmm génial, il y a un nouveau personnage ?”

Étant donné qu’il n’y a que les mites en pullover qui ne changent pas d’avis, la nouvelle extension ne comprendra pas 1 mais bien 2 nouveaux personnages : Mei, une spécialiste des arts martiaux, et le Marshal.

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“Hmmm, il n’est déjà dans le jeu de base le Marshal ?

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Si mais à présent un joueur peut prendre son rôle ! On va enfin enfin pouvoir cogner et tirer sur le Marshal… Rendre ainsi le jeu asymétrique demande de changer quelques règles afin de rendre l’expérience du Marshal unique.

Le deck du Marshal est différent de celui des joueurs et va permettre de les envoyer dans le wagon Prison se situant en queue de train. Certaines cartes lui permettent aussi d’en jouer deux à l’affilée.

C’est une vraie gâchette de l’ouest, et ambidextre qui plus est. Il possède deux Colts et peut donc tirer sur deux cibles en même temps. Sans compter que chacune de ses balles possède un pouvoir spécial.

Hmmm, il a l’air bien brutal ton Marshal, ce n’est pas un peu déséquilibré ?

Il est clairement dangereux, mais l’idée était de lui donner à peu près autant de chances qu’un Bandit de gagner la partie au final.

La plus grande difficulté du développement a été de lui trouver un objectif personnel qui lui permette de gagner contre les autres joueurs. Il ne peut évidemment pas gagner en récupérant des butins. Nous avons donc essayé différentes approches.

Lors des premiers tests, le Marshal devait protéger les butins des passagers de l’attaque des Bandits.

C’était ennuyeux…

Lors des tests suivant, le Marshal possédait des objets à effets spéciaux que celui-ci devait conserver (une étoile, une lettre d’amour, et un colt en or). Il devait aussi réussir à récupérer le pendentif de sa bien aimée volé par l’un des Bandits.

C’était fastidieux…

Le Marshal était déjà plaisant à jouer, mais il manquait quelque chose.

Une idée soudaine et quelques cartes griffonnées plus tard, j’avais trouvé une solution qui a marché dès le premier test. Le Marshal a quatre objectifs secrets tirés au hasard, il doit les compléter afin de gagner la partie. Parmi ceux-ci : vider l’un de ses Colts, emprisonner Bandit, Tirer sur tous les Bandits…

Lors des derniers tests, nous avons choisi de donner 5 objectifs au Marshal, ce dernier devant en compléter 4 sur les 5 pour remporter la partie. Le Marshal est ainsi encore un peu plus dangereux et les joueurs vont être d’autant plus tentés d’enrayer ses plans pour avoir une chance de gagner la partie.

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Les parties sont plus variées, les joueurs essayent de deviner les objectifs du Marshal en fonction de ses comportements.

Je suis enfin satisfait.

J’espère que vous le serez aussi ;)

Sortie prévue : Octobre 2016

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Un étranger chez Ludonaute – Partie 1

Insider’s Diary Part 1 : L’extension Marshal & Prisonniers – Les Origines

Comme chaque jeu, chaque extension a son histoire ! Celle de Marshal & Prisonniers n’échappe pas à cette règle…

Juin 2014 – 14h03

Festival Paris Est Ludique – Stand de Ludonaute

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Par une belle journée ensoleillée, nous présentons le jeu Colt Express sous forme de prototype aux festivaliers. Le jeu ne sortant qu’au mois d’octobre, je ne m’attends alors pas le moins du monde à la remarque qui va suivre de la part d’Anne-Cécile :

“ Nous avons des bons retours des joueurs, des boutiques, du distributeur. Ce serait bien que tu commences à travailler sur une extension.”

Mon moi rationnel commence donc :

“Mais le jeu n’est pas encore sorti !”

Mon moi rêveur enchaîne :

“Vous pensez que ça va marcher ?”

Mon moi grand gamin capricieux conclut :

“D’accord mais seulement s’il y a une diligence !”

 

Je commence donc à ouvrir un classeur avec tout plein d’intercalaires comportant chacun un module de jeu différent pour stocker mes idées:

  • un module de cow-boys saouls
  • un module d’attaque d’indiens
  • un module de partie de poker
  • ET un module pour un joueur qui pourrait jouer le Marshal

 

Mon idée initiale est de donner la possibilité aux joueurs d’être maîtres de la mise en scène de leur partie, de leur faire choisir les éléments qu’ils souhaitent y intégrer.

Je suis toujours aussi fan du jeu Escape pour cette raison.

S’ensuit donc une longue période de tests de mon tas d’idées farfelues pour ne garder à mon grand regret qu’un bon quart (vous connaissez d’ailleurs bien l’expression : “tout est bon dans le quatre quart”). Je suis heureux : les joueurs vont pouvoir avoir la boîte à outils dont je rêvais pour créer leur propre expérience de Colt Express…

Mais force est de constater qu’il y a encore beaucoup trop d’éléments.

 

Février 2015 – 16h37

Festival International des Jeux de Cannes – Stand de Ludonaute

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Cédric revient avec un mal de tête carabiné, il vient d’essayer d’expliquer à tous ceux qui voulaient en savoir plus sur la dernière extension que celle-ci comprendrait :

  • une diligence
  • des chevaux
  • des otages
  • des prisonniers
  • un wagon prison
  • un joueur qui jouerait le marshal

Une fois de plus je ne m’attends pas le moins du monde à ce que Cédric va me dire :

“Ça te dérange si on fait deux extensions à la place d’une seule ? On a vraiment trop de choses à l’intérieur !”

Mon moi rationnel commence donc :

“C’est un coup marketing ?”

Mon moi rêveur enchaîne :

“Ca pourrait permettre de créer des modules qui se combinent bien entre eux. Ça guiderait les joueurs.”

Mon moi grand gamin capricieux conclut :

“D’accord mais seulement si ma diligence est dans la première extension !”

 

Voilà comment a commencé l’aventure de Chevaux & Diligence…

  • Hmmm, tu ne nous avais pas dit que tu nous parlerais de Marshal & Prisonniers ?

Si, c’est vrai ! Ca m’est sorti de la tête, ce sera pour la prochaine fois !

  • Hmmm, on dirait vraiment une fin d’épisode de How I Met your Mother…

Dans l’article suivant, vous saurez enfin tout sur le développement de la seconde extension : Marshal & Prisonniers.

Un étranger chez Ludonaute

Cet article a été écrit par Christophe Raimbault

Comment voyez-vous l’auteur de jeux de société ?

Hmmm, un auteur de jeux est une personne indépendante vivant isolée du reste du monde. C’est une personne un peu bizarre qui a régulièrement des idées assez géniales. Lorsque ça arrive, il prend un stylo, fabrique un prototype et l’envoie à un éditeur. Il passe le reste de son temps à s’amuser en attendant de nouvelles idées.

J’imagine que beaucoup pourraient effectivement penser de la sorte…

Voyons un peu quelle est la vraie vie d’un auteur de jeux.

Premièrement, un auteur de jeux ne peut pas être vraiment indépendant car un jeu est avant tout une affaire de relations humaines. Même s’il trouve une idée soi-disant géniale, il n’en est jamais complètement sûr. Il doit parler de son idée à ses amis, il doit tester son idée avec eux. Créer un jeu de société, c’est avant tout créer une expérience sociale unique et non pas uniquement un assemblage complexe de mécaniques de jeu.

Ensuite, créer un jeu demande beaucoup de travail. Plusieurs années peuvent s’écouler entre la première idée soi-disant géniale et la publication effective du jeu qui s’en inspire.

La plupart du temps, lorsqu’un auteur de jeu ne travaille pas sur ses prototypes et n’arpente pas les festivals ludiques, il va à son vrai travail. Oui, un auteur de jeu a une une double vie, pas exactement comme un super héros, mais ce n’est assurément pas une vie normale.

Je n’ai pas choisi une vie normale, mais j’ai la chance avec Colt Express de pouvoir imaginer vivre principalement aujourd’hui de mon activité d’auteur de jeux.

Alors, pourquoi diable est-ce que je travaille avec l’équipe Ludonaute depuis deux mois maintenant ?

Hmmm, c’est évident ! Tu as créé un jeu nominé au Spiel Des Jahres pour eux, alors ils ont décidé de t’embaucher afin d’éditer chaque nouvelle idée de jeu que tu peux avoir.

NON, absolument pas !

Et ARRETE de répondre à mes questions rhétoriques ! Stupide voix off…

Tentative de rentrer dans les bureaux Ludonaute… échouée à cause d’un employé un peu trop dissipé.

Tout d’abord, Cédric et Anne-Cécile sont de très bons amis depuis le tout début de leur aventure éditoriale. De par nos sessions Skype hebdomadaires, ils ont réalisé que je n’avais pas le temps de travailler à fond sur Colt Express et mes autres projets de jeux avec mon travail actuel à plein temps.

Ils m’ont alors proposé de rejoindre l’équipe Ludonaute à mi-temps. Mes missions porteraient sur le développement de Colt Express (extensions, application, gestion de la communauté, du site internet…) et sur le développement de nouveaux projets internes.

Cette proposition n’allait pas tomber dans l’oreille d’un sourd, car quelques mois plus tard, me voici dans le sud !

Durant mon temps libre, les bureaux Ludonaute me sont accessibles pour travailler sur mes projets personnels. C’est tellement plus motivant de travailler entouré de personnes talentueuses et passionnées. C’est un vrai travail d’équipe, ils m’aident à tester mes prototypes et je les aide sur les leurs.

Hmmm, Ludonaute travaille donc sur tes nouveaux prototypes à présent.

Pour l’instant, nous n’avons pas d’autre projet sérieux que celui de Colt Express. Si à l’avenir nous travaillons de nouveau sur un projet en commun, vous pouvez parier que c’est principalement parce que nous apprécions grandement passer du temps ensemble à développer des jeux. En tout cas, je reste persuadé que c’est très formateur de travailler avec des éditeurs différents.

Work in progress…

Hmmm, ta vie est intéressante mais de quoi vas-tu parler dans cet Insider’s Diary ?

J’ai juste terminé la première partie de mon plan : s’infiltrer chez Ludonaute.

La seconde partie consiste à remplir ces articles de notes et anecdotes à propos des projets Ludonautes et de leur vie quotidienne.

Tôt ou tard, je suis sûr que je vais trouver des preuves de quelque chose de pas tout à fait naturel… Comment expliquer qu’un si petit éditeur ait pris son envol aussi rapidement ?

Le crâne chauve de Cédric cache-t-il une cervelle extra-terrestre ?

La légendaire gentillesse d’Anne-Cécile cache-t-elle une méthode hypnotique pour modifier le comportement de la clientèle ?

Les nombreux voyages de Marinella ne cacheraient-ils pas une double vie d’agent secret ?

Vous aurez (probablement) la réponse à toutes ces questions dans The Insider’s Diary – Partie 1…